De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer le déploiement de la force spéciale sur le terrain, pour contrer les assaillants qui veulent déstabiliser les institutions de la République.
Aux grands mots, les grands remèdes. Face à la guérilla urbaine qui menace les fondements de la République, il faut déployer les forces spéciales pour épauler les autres unités des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Sans passer par quatre chemins, c’est ce que propose un officier supérieur de l’armée ivoirienne, aujourd’hui à la retraite. «D’après ce que j’en sais, c’est pour ce genre de missions qu’on a créé cette force. Il faut donner l’occasion aux éléments de cette unité de montrer tout leur savoir-faire. Ils ont été impressionnants lors du défilé du 7 août. Il faut donc leur donner l’occasion de ramener à la raison ceux qui sont animés de velléité déstabilisatrice», propose cet ancien commandant de la Force d`intervention rapide para-commando (Firpac) aujourd’hui à la retraite. Et, pour lui, cette prise en main de la sécurité intérieure et aux frontières s’impose d’autant que les assaillants ont des ambitions plus grandes qu’on ne pense. «Selon mes renseignements, ils lorgnent le port de San Pedro et quelques villes frontalières qu’ils veulent prendre. Cela est une obsession pour eux puisque pour poursuivre leur aventure, ils ont besoin d’être ravitaillés», est-il persuadé. Sûr des informations dont il dit disposer, l’officier supérieur qui a fait pour nous un décryptage, off record, de la situation qui prévaut, avance même le nom de certains pays qui pourraient soutenir l’aventure des assaillants. «Ce n’est pas pour rien qu’ils lancent les attaques à partir de zones forestières ou des plans d’eau. Le coup parfait pour eux serait de prendre San Pedro, pour avoir une arme économique mais, aussi, pour être ravitaillé en toute sérénité. Ils n’écartent pas aussi la possibilité d’être approvisionnés par voie aérienne, dans les zones forestières où ils s’installent. Et, pour cet appui, ils comptent sur des pays comme l’Angola, ou la Guinée-Equatoriale», renchérit notre interlocuteur, précisant que les soutiens provenant de ces pays, peuvent ne pas être forcément institutionnels. Une explication qui confirme que ceux qui sont à la base de ces escarmouches meurtrières sont loin d’être de simples ex-combattants frustrés de n’avoir pas été réinsérés dans la vie civile ou admis dans la nouvelle armée ivoirienne. Il s’agit bel et bien de personnes qui ont un lien avec l’ancien régime de Laurent Gbagbo. Ce que confirme un autre officier à la retraite, parachutiste celui-là. «Il n’y a pas de doute que ce sont eux. Ce sont les germes de la haine viscérale qu’ils ont semée dans la population qui se manifestent. Plus que toute preuve, la façon dont ils réagissent face à ces actes de déstabilisation prouvent bien qu’ils approuvent», analyse-t-il. Mais, en attendant le déploiement formel de la force spéciale, notre interlocuteur pense que l’une des erreurs que les soldats sur les différentes positions doivent éviter, c’est de laisser filer les assaillants. «Il faut les encercler pour les prendre vivants. L’erreur serait de les laisser s’échapper. Les capturer a d’abord l’avantage de pouvoir leur soutirer des informations sur leur groupe, sur leurs commanditaires, éventuellement leur centre de gravité et ensuite de réduire le nombre d’ennemis à affronter», indique-t-il. Surtout que, assure l’officier parachutiste, certains éléments des Frci qui se reconnaissent toujours dans l’ancien régime, peuvent être de bonnes sources de renseignements pour l’ennemi.
Marc Dossa – Nord-Sud