Le Maroc vient de se doter d’un ministère délégué chargé de la coopération africaine qui sera piloté par Mohcine Jazouli. Nommé le lundi 22 janvier, cet expert du conseil stratégique, familier des antichambres du pouvoir tant au Maroc que dans plusieurs pays subsahariens, devra notamment façonner la stratégie marocaine des investissements au niveau continental.
Rabat vient de révéler hier 22 janvier dans un communiqué les noms des cinq nouveaux membres du gouvernement qui remplaceront désormais les ministres limogés en octobre dernier, suite à un rapport accablant de la Cour des comptes.
Les nominations ne se sont pas limitées aux portefeuilles vacants, à savoir la Santé, l’Education, l’Aménagement du territoire ou encore le secrétariat d’Etat chargé de la Formation professionnelle, puisque le Conseil des ministres que préside le roi Mohammed VI a décidé la création d’un nouveau portefeuille ministériel annoncé lors d’un précédent discours royal, celui de la coopération africaine.
Un rompu du conseil stratégique au Maroc
Contrairement aux autres ministères où l’étiquette politique des ministres limogés a été respectée, chaque parti gardant les mêmes portefeuilles et donc le même poids au sein du gouvernement, le nouveau département a lui été confié à un technocrate, Mohcine Jazouli. Celui qui devra rejoindre le duo Bourita/Boucetta aux Affaires étrangères est un habitué de l’offensive diplomatique et économique que mène le Royaume en Afrique subsaharienne.
Cet expert du conseil stratégique et fondateur du cabinet Valyans qu’il dirige depuis 12 ans est également un habitué des antichambres des ministères marocains, son cabinet ayant accompagné l’Exécutif dans plusieurs missions de stratégie et d’organisation dans les départements de la Finance, l’Industrie, le Transport, l’Immobilier et le Tourisme. L’entreprise dirigée par Jazouli a par ailleurs accompagné plusieurs établissements et groupes marocains dans leurs investissements en Afrique subsaharienne.
Un habitué des dossiers d’investissements continentaux
Valyans ne s’est pas limité au rôle de sherpa et a sauté le pas en étendant ses activités vers le sud du Continent, la part de ses activités à l’internationale est ainsi passée de zéro en 2011 à 67% de son chiffre d’affaires global en 2016. Les missions confiées au cabinet, par le gouvernement ivoirien, portant notamment sur la mise en place d’une stratégie de mobilisation de la diaspora ivoirienne en 2012 et sur l’appui au dispositif de mise en œuvre du Plan national d’investissement agricole en Côte d’Ivoire (2013) ont permis à Valyans de se placer durablement sur les marchés subsahariens.
Le nouveau ministre délégué chargé de la coopération africaine, bien qu’inconnu du grand public, est un habitué du ministère des Affaires étrangères. La collaboration entre le groupe de Mohcine Jazouli et ses nouveaux collègues, notamment Mounia Boucetta secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, a fait la Une d’une partie de la presse marocaine en septembre dernier.
Quant à la feuille de route du nouveau «Monsieur Afrique» de Rabat, ses grandes lignes ont été déjà fixées par le chef d’Etat marocain lors d’un discours prononcé au Parlement le 13 octobre dernier, lorsque le souverain avait annoncé la création de ce nouveau département : «Nous avons décidé de la création d’un ministère délégué auprès de celui des Affaires étrangères, chargé des Affaires africaines et plus particulièrement de l’investissement, ainsi que la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances».